NEUROPATHIE DES PETITES FIBRES (NPF)

Qu'est-ce que la Neuropathie des Petites Fibres (NPF) ?

La NPF est une maladie affectant les petites fibres nerveuses du système nerveux périphérique. Ces fibres transmettent des informations sensorielles cruciales au cerveau, notamment la douleur, la température et le toucher léger. Dans la NPF, ces fibres sont endommagées, provoquant divers symptômes. Contrairement aux neuropathies affectant les grosses fibres nerveuses, la NPF se concentre spécifiquement sur les petites fibres, souvent non myélinisées ou peu myélinisées. Cela explique pourquoi les symptômes peuvent être différents des neuropathies plus classiques. 

Prévalence

La prévalence exacte de la NPF est difficile à déterminer car la maladie est souvent sous-diagnostiquée. Cependant, on estime qu'environ 4 à 5 % de la population est touchée par une neuropathie périphérique, et la NPF représente une part significative de ces cas. Elle affecte aussi bien les hommes que les femmes, avec une légère prédominance féminine. Le sous-diagnostic est dû à un manque de sensibilisation et d'outils diagnostiques spécifiques.

Causes et Facteurs de Risque

La NPF peut être idiopathique (sans cause identifiable) ou secondaire à diverses affections et facteurs. Il est important de noter que la présence d'un facteur de risque n'implique pas automatiquement le développement de la NPF. Plusieurs facteurs peuvent agir simultanément. Voici les principales causes et facteurs de risque : 

Causes principales et associées :

  • Diabète : Le diabète est la cause la plus fréquente de neuropathie périphérique, y compris la NPF. L'hyperglycémie chronique endommage les nerfs.
  • Maladies auto-immunes : Plusieurs maladies auto-immunes peuvent être associées à une NPF, notamment le lupus érythémateux disséminé, le syndrome de Sjögren, la polyarthrite rhumatoïde, et d'autres. Ces maladies peuvent attaquer les nerfs périphériques par différents mécanismes.
  • Infections : Certaines infections virales ou bactériennes, telles que le VIH, la maladie de Lyme, l'hépatite C et le zona (herpès zoster), peuvent être associées à une NPF. L'inflammation et les dommages nerveux directs peuvent être impliqués. 
  • Déficiences nutritionnelles : Des carences en vitamines, notamment en vitamine B1 (thiamine) et B12, ainsi qu'en autres nutriments essentiels, peuvent contribuer à des lésions nerveuses. 
  • Exposition à des toxines : L'exposition à des toxines, telles que certains métaux lourds (plomb, arsenic, mercure), certains médicaments (chimiothérapie, certains antibiotiques), l'alcool (abus d'alcool chronique) et d'autres substances toxiques, peut endommager les nerfs. 
  • Syndrome d'Ehlers-Danlos : Cette maladie génétique du tissu conjonctif est parfois associée à une NPF, probablement en raison de l'instabilité du tissu conjonctif affectant les nerfs.
  • Amylose : L'accumulation anormale de protéines dans les tissus peut entraîner une compression ou un dysfonctionnement des nerfs.
  • Fibromyalgie : Bien que le lien ne soit pas entièrement compris, une association entre la fibromyalgie et la NPF a été observée. Des mécanismes inflammatoires et de sensibilité centrale pourraient être impliqués. 

Facteurs de risque supplémentaires : 

  • Âge : Le risque de NPF augmente avec l'âge.
  • Antécédents familiaux : Des antécédents familiaux de neuropathie périphérique peuvent augmenter le risque, suggérant un rôle possible des facteurs génétiques. 
  • Obésité : L'obésité est un facteur de risque pour de nombreuses maladies, dont le diabète, qui peut à son tour causer une NPF. Elle peut également être associée à une inflammation chronique. 
  • Tabagisme : Le tabagisme est un facteur de risque indépendant pour de nombreuses maladies, y compris les maladies vasculaires qui peuvent affecter les nerfs. Il contribue à une mauvaise circulation sanguine.
  • Certaines maladies génétiques : Certaines maladies génétiques rares peuvent être associées à une NPF, affectant directement le développement ou le fonctionnement des nerfs. 

Symptômes

Les symptômes sont variables et peuvent évoluer. Les plus fréquents incluent : 

  • Douleur : Souvent décrite comme une brûlure intense, des picotements, des élancements, des coups de poignard ou des décharges électriques. Elle peut être persistante et invalidante. 
  • Anomalies de la sensibilité : engourdissement, hypersensibilité au toucher (hyperesthésie), douleur provoquée par un stimulus normalement indolore (allodynie), troubles de la perception thermique (sensation anormale de chaud ou de froid). 
  • Symptômes autonomiques : Ces symptômes affectent les fonctions involontaires du corps : transpiration excessive ou insuffisante, hypotension orthostatique (baisse de tension en se levant), troubles digestifs (constipation, diarrhée, nausées), problèmes vésicaux ou sexuels, fatigue. 

Diagnostic

Le diagnostic est complexe et nécessite une approche multidisciplinaire. Votre médecin utilisera plusieurs méthodes :

  • Examen clinique : Évaluation détaillée de vos symptômes et de votre sensibilité. Tests de sensibilité au toucher léger, à la température, à la vibration.  
  • Examens sanguins : Recherche de diabète, de carences vitaminiques, de maladies auto-immunes. 
  • Biopsie cutanée : Examen microscopique d'un échantillon de peau pour compter le nombre de petites fibres nerveuses (examen de référence). 
  • Tests neurophysiologiques : Études de conduction nerveuse (pour les grosses fibres, moins sensibles à la NPF), potentiels évoqués laser (peu accessibles en routine). 
  • Tests autonomiques : Évaluation de la fonction du système nerveux autonome (tests de la sudation, exploration cardiovasculaire).  

Traitement et Prise en charge

Il n'existe pas de traitement curatif, mais plusieurs approches visent à soulager les symptômes et à améliorer la qualité de vie : 

  • Traitement de la cause sous-jacente : Si la NPF est secondaire à une autre maladie (diabète, etc.), son traitement est essentiel.
  • Traitement symptomatique :  
    • Médicaments :  
      • Analgésiques : Paracétamol, AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens) pour la douleur modérée.
      • Antidépresseurs tricycliques : Amitriptyline (peut avoir des effets secondaires). 
      • Antiépileptiques : Prégabaline, gabapentine (pour la douleur neuropathique). 
      • Anesthésiques locaux : Crèmes ou patchs à la lidocaïne, crème à la capsaïcine (application locale). 
      • Opioïdes : Pour les douleurs sévères et rebelles, sous surveillance médicale stricte en raison des risques d'accoutumance et d'effets secondaires. 
      • Physiothérapie : Exercices adaptés pour améliorer la mobilité, la force musculaire et la proprioception. 
      • Ergothérapie : Adaptation de l'environnement pour faciliter les activités quotidiennes. 
      • Gestion du stress et soutien psychologique : Techniques de relaxation, thérapies cognitivo-comportementales. 

Ressources et Associations

Centres de référence en France  

 


Fiche rédigée par Francine et relue par Stephanie D-G. Mise en ligne le 09-04-2025

Sources :

  • Inserm
  • Orphanet
  • HAS