En tête : le don d’organes et la greffe

Don d'organes et la greffe

avec Adosinda RIBEIRO, Infirmière coordinatrice de prélèvements d’organes et de tissus

Adosinda RIBEIRO, infirmière coordinatrice de prélèvements d’organes et de tissus, répond à dix questions posées sur notre compte Instagram sur le thème "Don d'organes et la greffe". Une occasion de rappeler ce lien invisible qui nous unit tous !

Question 1 : Comment se passe la vie après la greffe ? Les personnes reprennent-elles facilement une vie normale ?

La greffe permet d’améliorer la qualité de vie des receveurs. Elle leur permet d'avoir une vie presque normale. Il est notamment possible de voyager, faire du sport et travailler. 

Par contre, la greffe nécessite un suivi médical régulier. Elle impose aussi la prise quotidienne de traitements immunosuppresseurs. De plus, il est important de noter que la greffe ne guérit pas forcément toutes les manifestations de la maladie sous-jacente. Les traitements et une prise en charge spécifique à celle-ci peuvent donc être nécessaires. 

Exemple : En cas de mucoviscidose, la greffe bipulmonaire guérit les manifestations de la maladie touchant les poumons mais pas les autres comme celles du système digestif.

Question 2 : Y a t’il une limite d’âge pour donner ?

Le prélèvement est possible à tous les âges. Le principal étant que les organes soient en bon état de fonctionnement pour être greffés.

Les mineurs peuvent également être donneurs d’organes en cas de décès. Pour cela, il faut une autorisation écrite de chacun des titulaires de l’autorité parentale.

Les personnes âgées peuvent aussi donner leurs organes. Par contre, le vieillissement impacte l'état des organes et peut donc limiter, dans certains cas, le prélévement.

Illustration: la greffe est parfois le seul moyen pour que la vie continue et qu'elle soit presque normale

Question 3 : Peut-on donner librement ses organes de son vivant ?

En France, la loi de bioéthique de 2011 a élargi le cercle des donneurs vivants d’organes :

  • le donneur peut faire partie de la famille du receveur (Exemples : Père, mère, conjoint, cousins germains),
  • le donneur peut également être toute personne pouvant apporter la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.

 

De plus, il faut être majeur, volontaire et en bonne santé pour donner. Il est également nécessaire de réaliser certaines démarches administratives ainsi que plusieurs examens médicaux pour vérifier l'état de santé. En effet, le donneur doit exprimer son consentement libre et éclairé devant un magistrat.

Question 4 : Combien de temps peut-on vivre après la greffe ?

On peut vivre très longtemps après une greffe, à condition de bien suivre les traitements immunosuppresseurs, d’avoir une bonne hygiène de vie et d’avoir un suivi médical régulier. La durée de vie d’un organe après la greffe est de 10 à 20 ans. Il est également possible d'être greffé plusieurs fois.

Question 5 : Si on est donneur après notre mort, doit-on donner tous nos organes ? Peut-on donner ses organes sans donner ses tissus ? Et inversement ?

En France, il existe le principe du « consentement présumé ». Cela signifie que nous sommes tous donneurs d'organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus de donner.

Un refus n’est pas forcément total. Il est possible de s’opposer seulement au don de certains organes et tissus. La loi prévoit trois moyens pour exprimer son refus (total ou partiel) :

  • s’inscrire sur le registre national des refus,
  • remettre à ses proches un écrit daté et signé exprimant le refus,
  • confier oralement son refus à ses proches.


En effet, dans le cadre du don d’organe, l'équipe médicale et l’équipe de coordination recherche systématiquement un refus. Ils consultent le registre national des refus pour voir si le défunt s’y était inscrit de son vivant. Ils demandent également aux proches de la personne décédée si celle-ci avait fait connaître de son vivant son opposition totale ou partielle au don.

Illustration: le don d’organes est un lien qui nous uni tous car on peut donner à tout âge

Question 6 : Peut-on être donneur si on a une maladie auto-immune ? (exemples : maladie de Crohn, polyarthrite rhumatoïde)

Les patients atteints de maladies auto-immunes peuvent, en général, donner leurs organes à condition que l’organe en question ne soit pas touché lui-même par la maladie auto-immune.

Exemple : Une personne atteinte d’une maladie de Crohn pourra notamment donner ses reins et une personne avec une polyarthrite rhumatoïde pourra donner son cœur s’il est épargné par la maladie.

Question 7 : Peut-on être donneur si on a une maladie génétique ? (exemple : syndrome d’Ehlers-Danlos)

Cela dépend des cas. En effet, tout dépend de l’état des organes et du risque pour le receveur. Il est nécessaire de se demander s’il existe un risque de transmission au receveur et si les organes sont viables à moyen ou long terme.

Exemple : Le syndrome d’Ehlers-Danlos vasculaire est habituellement une contre-indication reconnue au prélèvement d'organes (hors don de moelle), en l’absence d’un diagnostic génétique précis.

Pour une réponse adaptée plus précise, il est possible de se renseigner auprès des équipes de coordination de prélèvement d’organes et de tissus du centre de référence ou des Services de Régulation et d’Appui en région (SRA) de l’Agence de la biomédecine.

Question 8 : Quelles sont toutes les spécialités qui travaillent sur une greffe avant et après l’opération ?

Il y a énormément de personnes et de spécialités autour du don d’organes et de la greffe !

Certains travaillent auprès du donneur :

  1. La prise en charge du donneur se passe initialement dans un service de réanimation.
  2. Les personnels des laboratoires d’analyses sanguines et les services d’imagerie sont aussi mobilisés pour poser le diagnostic de mort encéphalique et pour évaluer l’état des organes.
  3. Après ces analyses, le coordinateur du prélèvement prépare le dossier du donneur en lien avec l’agence de biomédecine puis les greffons sont proposés par le pôle national de répartition des greffons.
  4. Il faut rapidement organiser le bloc opératoire et mobiliser tout le personnel qui y travaille.
  5. Après le prélèvement, le corps du défunt sera amené à la chambre mortuaire, préparé par le personnel et les proches pourront s’occuper des obsèques.
Illustration : le don du vivant est possible dans certains cas, par exemple quand on a un lien étroit avec le receveur depuis plusieurs années

Une autre équipe​​​​​​ travaille à la prise en charge du receveur :

  1. Le receveur est pris en charge dans un service d’hospitalisation où il a plusieurs examens pour savoir s’il peut bénéficier d’une transplantation et pour y être préparé.
  2. Pour réaliser la greffe, une nouvelle équipe médicale et paramédicale est nécessaire au bloc opératoire.
  3. Dans les premiers jours après la greffe, le receveur est pris en charge en soins intensifs/réanimation et, à distance, dans un service d’hospitalisation conventionnel et de rééducation qui prennent le relai.

Question 9 : Est ce qu’il y a des greffes avec moins de rejets que d’autres ? Ou est-ce similaire pour tous les organes ?

  • Toutes les greffes ne sont pas similaires. Certains organes sont plus fragiles que d’autres. Exemple : Le cœur, les poumons et le foie sont plus à risque que les reins.

  • De plus, les conséquences en cas de rejet ne sont pas identiques. Exemple : En cas de rejet d’un rein non contrôlé par un traitement immunosuppresseur, il est possible de mettre en place une dialyse pour suppléer la fonction rénale. Par contre, en cas de greffe de cœur, la seule alternative est une nouvelle greffe car sinon il y a risque de décès.

Question 10 : Peut-on être donneur si on a eu un cancer ?

Pour le don d’organes cela dépend notamment du type de cancer et de la durée de rémission :

  • On ne peut pas donner ses organes si on est atteint d’un cancer actif.
  • Il est possible d’être donneur, si le cancer est en rémission depuis plus de 5 ans, que c’était un cancer touchant les organes dits « solides » et qu’il y a la preuve d’un suivi régulier. Exemples : Cancer du sein ou de la prostate.
  • Pour les cancers du sang c’est plus complexe : cela dépend notamment du type (exemples : leucémie aiguë, lymphome).

 
Pour le don de cornée, il est possible d'
être donneur même si le cancer est actif mais pour cela il doit s’agir d’un cancer « solide » dont le point de départ n’est pas le cerveau. Les cancers du sang sont, de nouveau, une contre-indication.

À Retenir De Cette Fiche Santé :

  • Il est possible d'être donneur à tous les âges après son décès et, pour les adultes, il est également possible de donner de son vivant 
  • La greffe améliore la qualité de vie du receveur malgré le suivi régulier qu'elle nécessite