Les mastocytoses

Les mastocytoses sont des maladies rares caractérisées par une prolifération anormale ou une infiltration d'organes par des mastocytes.

Les deux principaux types sont :

  • Mastocytose cutanée : l'accumulation de mastocytes est limitée à la peau.
  • Mastocytose systémique : les mastocytes envahissent d'autres organes tels que la moelle osseuse, le foie, la rate ou les os.

1. Quels sont les symptômes principaux ?

Dans la mastocytose cutanée, il est possible de retrouver :

  • des tâches pigmentées, avec ou sans sensation de grattage (prurit) ;
  • des rougeurs temporaires (flushs) ;
  • un urticaire pigmentaire, surtout chez l’enfant.

 

Dans les mastocytoses systémiques, il existe des signes :

  • allergiques : réactions anaphylactiques récurrentes ;
  • cutanés : rougeurs temporaires (flushs), sensation de grattage avec ou sans lésion cutanée (prurit, urticaire), angioedème, tâches pigmentées ;
  • digestifs : reflux gastro-oesophagien, diarrhées, douleurs abdominales ;
  • respiratoires : essoufflement (bronchoconstriction), sifflement respiratoire (wheezing), asthme ;
  • généraux : fatigue (asthénie), malaises, palpitations, hypotension ;
  • osseux : douleurs, ostéoporose, remodelage osseux.psycho-neurologiques : maux de tête (céphalées, migraine), troubles du comportement chez l’enfant, syndrome dépressif, troubles de la concentration, perte de mémoire (troubles mnésiques) ;
  • urologiques : envies fréquentes d'uriner (pollakiurie).

2. Quels en sont les mécanismes ?

La mastocytose est liée à une mutation génétique qui touche le souvent le gène KIT (notamment le KIT D816V). Cette mutation rend les mastocytes hyperactifs et trop nombreux.

En conséquence, ces cellules deviennent hypersensibles et réagissent de manière excessive à certains déclencheurs comme le stress, l’alcool, certains aliments, les infections ou certains médicaments.

Il survient alors une dégranulation mastocytaire, responsable des symptômes de la maladie. Ce phénomène consiste à la libération d'une grande quantité de substances chimiques. Principalement :

  • l'histamine → responsable des rougeurs (flushs), démangeaisons et difficultés respiratoires;
  • la tryptase→ facilement détectable dans le sang;
  • les prostaglandines et leucotriènes → favorisent l’inflammation, la survenue de crises d’asthme et de douleurs;
  • les cytokines et chimiokines → amplifient l’inflammation dans l'ensemble du corps
Degranulation mastocytaire sama mastocytose

3. Quels sont les critères diagnostiques ?

Les critères diagnostiques de la mastocytose sont définis par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ils permettent de standardiser le diagnostic et de proposer une prise en charge adaptée à la sévérité de la maladie.

Pour poser le diagnostic, il faut un critère majeur et un critère mineur, ou au moins trois critères mineurs.

A. Critères majeurs

Il existe une infiltration de mastocytes dans la moelle osseuse ou dans tout autre organe extra-cutané, sous la forme d'agrégats denses de 15 mastocytes ou plus.

B. Critères mineurs

  • Il est retrouvé plus de 25% des mastocytes avec morphologie atypique ou une forme fusiforme dans les prélèvements de la moelle osseuse ou d'un autre tissu infiltré.
  • Il existe une mutation D816V du gène c-Kit dans les mastocytes de la moelle osseuse ou du sang périphérique. 
  • Il est identifié des mastocystes avec des marqueurs CD2, CD25 et/ou CD30 dans la moelle osseuse ou les autres tissus
  • Il y a un taux de tryptase sérique supérieur à 20 µg/L.

4. Quelle en est la prise en charge ?

La prise en charge est globale. Elle repose sur des traitements symptomatiques et, s'ils sont insuffisants, un traitements de fond peut être mis en place. Une éviction des facteurs déclenchants des crises est également systèmatiquement recommandée.

A. Traitements symptomatiques

  • Adrénaline injectable : traitement d'urgence, en cas de symptômes allergiques graves (choc anaphylactique) ;
  • Antihistaminiques : certains permettent un traitement des manifestations de dégranulation mastocytaire quel qu’en soit le type et d'autres sont réservés aux manifestations digestives ;
  • Anti-leucotriènes : essentiellement préconisés en cas de pollakiurie, toux, prurit ou flushs ;
  • Cromoglicate de sodium : adaptée à la prise en charge des manifestations digestives ;
  • Corticoïdes par voie per os : préconisés en cure courte pour calmer des crises de dégranulation à tropisme cutané ou digestif ;
  • Prise en charge de la douleur : à la fois médicamenteuse et non médicamenteuse ;
  • Bisphosphonates : en cas d’ostéoporose avérée.

B. Traitements de fond

  • Omalizumab : anticorps monoclonal qui permet de limiter la dégranulation mastocytaire ; il est préconisé pour les troubles cutanéo-muqueux, troubles digestifs et anaphylaxiques persistants malgré un traitement symptômatique ;
  • Cladribine ou interféron alpha : molécules qui permettent de réduire l'infiltration mastocytaire ;
  • Anti-tyrosines kinases tels que l'avapritinib et midostaurine : bloqueur spécifique des récepteurs présents au niveau des mastocytes.

Focus : Mastocytose & SAMA, quelle est la différence ?

La mastocytose est une maladie due à une prolifération excessive et une accumulation anormale des mastocytes dans divers tissus, souvent causée par une mutation du gène c-Kit. Elle entraîne une activation chronique des mastocytes, libérant des médiateurs inflammatoires, ce qui provoque des symptômes cutanés et systémiques.

En revanche, le syndrome d'activation mastocytaire (SAMA) n’est pas lié à une prolifération des mastocytes, mais à leur activation excessive et inappropriée en réponse à des stimuli variés, sans mutation sous-jacente.


Fiche rédigée par Barbara R. et Ophélie A. Relue par Camille RACCA, interne en génétique médicale. 

Sources :