Syndrome d'Ehlers-Danlos Musculocontractural (SED-mc)

Le syndrome d'Ehlers-Danlos musculocontractural (SED-mc) est une forme rare du syndrome d'Ehlers-Danlos (SED) caractérisée par des anomalies du tissu conjonctif, de multiples contractures musculaires congénitales, des anomalies squelettiques et des caractéristiques craniofaciales. Cette maladie est causée par des mutations des gènes CHST14 et DSE.

Causes et Transmission

Les mutations des gènes CHST14 et DSE perturbent la biosynthèse des glycosaminoglycanes. La mutation du gène CHST14 entraîne une carence en dermatane sulfate (glycosaminoglycane) dans les fibroblastes (cellules qui synthétisent la matrice extracellulaire du tissu conjonctif ; qui se retrouve largement dans la peau, les tendons, le cartilage et la paroi aortique) et altère la liaison fibrillaire du collagène dans les faisceaux de collagène. La mutation du gène DSE entraîne une perturbation de la production de dermatane sulfate, ce qui aboutit également une carence de ce glycosaminoglycane. La carence en dermatane sulfate impacte la stabilité et l’élasticité du tissu conjonctif.

Le SED-mc est une maladie génétique autosomique récessive, ce qui signifie que les deux parents doivent chacun être porteurs d’une mutation sur le gène CHST14 ou DSE pour que leur enfant développe la maladie.

Prévalence

Le SED-mc est une maladie extrêmement rare, avec une estimation à moins d’un cas sur un million. 15 patients ont été diagnostiqués en France (source Banque Nationale de Données Maladies Rares).

Symptômes

Les principales manifestations du SED-mc incluent :

  • Contractures articulaires multiples à la naissance (souvent pouces en adduction et pied bot) ;
  • Hyperlaxité articulaire, menant à des (sub)luxations récurrentes, malgré les contractures proximales ;
  • Déformations du thorax, du pied et de la colonne vertébrale ;
  • Fragilité cutanée avec une hyperélasticité, des cicatrices atrophiques, une tendance facile aux ecchymoses et des hématomes sous-cutanés de grande taille récurrents ;
  • Anomalies cranio-faciales : une fontanelle large, un hypertélorisme, des fentes palpébrales inclinées vers le bas, des sclérotiques bleutées, des déformations de l'oreille, un palais haut ;
  • Retard moteur observé dès la petite enfance ;
  • Rides des paumes de main plus nombreuses ;
  • Doigts particuliers : fins, effilés, cylindriques.

Diagnostic

Le diagnostic repose sur :

  • Les signes cliniques identifiés par un médecin spécialiste : critères diagnostiques à remplir (voir ci-dessous) ;
  • Puis une analyse génétique pour confirmer le diagnostic et identifier les mutations des gènes CHST14 ou DSE.
  • Éventuellement des examens complémentaires (radiographies, IRM, échographies) pour évaluer les anomalies squelettiques et tissulaires.


Attention, en fonction de l’âge, les critères diagnostiques obligatoires ne sont pas les mêmes :

  • à la naissance ou dans la petite enfance > critère majeur 1 ET critère majeur 2 minimum
  • à l’adolescence et à l’âge adulte > critère majeur 1 ET critère majeur 3 minimum
    • Critères diagnostiques majeurs :
  • Contractures multiples congénitales, caractéristiques avec des contractures en adduction / flexion et/ou pieds en varus équin ;
  • Signes crânio-faciaux caractéristiques évidents à la naissance ou dans la petite enfance ;
  • Signes cutanés caractéristiques incluant l’hyperextensibilité cutanée, la capacité à faire facilement des contusions, une fragilité cutanée avec des cicatrices atrophiques, paumes plus ridées
    • Critères diagnostiques mineurs :
  • Luxations chroniques ou récidivantes ;
  • Déformations du thorax (plat, pectus excavatum) ;
  • Déformations vertébrales (scoliose, cyphoscoliose) ;
  • Doigts particuliers (fins, effilés, cylindriques) ;
  • Déformations progressives des pieds ;
  • Larges hématomes sous-cutanés ;
  • Diverticules coliques ;
  • Pneumothorax ou hémopneumothorax ;
  • Néphrolithiase ou cystolithiase ;
  • Hydronéphrose ;
  • Cryptorchidie ;
  • Strabisme ;
  • Troubles de réfraction : myopie, astigmatisme ;
  • Glaucome, pression intraoculaire élevée.

Prise en charge et Traitement

Il n'existe pas de traitement curatif, mais plusieurs stratégies permettent d'améliorer la qualité de vie des patients :

  • Kinésithérapie et rééducation pour prévenir l’aggravation des contractures ;
  • Chirurgie orthopédique pour corriger certaines déformations squelettiques graves ;
  • Orthèses et attelles pour soutenir les articulations et limiter la douleur ;
  • Suivi ophtalmologique régulier pour prévenir les complications oculaires ;
  • Accompagnement psychologique et social pour aider les patients et leurs familles à gérer les impacts de la maladie.