Syndromes d’Ehlers-Danlos (SED) et Syndrome d’Activation Mastocytaire (SAMA) associés

Ces deux pathologies peuvent partager certains symptômes, notamment une hypersensibilité et une atteinte multi-systémique, bien que leurs mécanismes sous-jacents diffèrent. Leur prise en charge repose sur un diagnostic précis, une gestion pluridisciplinaire et des traitements adaptés à la gravité des manifestations.

Centres de référence


En France, les SED sont diagnostiqués et suivis par des centres de référence (ou de compétences) pour les maladies rares du tissu conjonctif (filière OSCAR), dont :

  • Centre de Référence des Syndromes d'Ehlers-Danlos non vasculaires (SEDnv) de l'hôpital Raymond-Poincaré AP-HP (pour les adultes)
  • Centre de Référence Maladies Rares de Necker (pour les enfants)

1- Syndromes d’Ehlers-Danlos (SED)

Définition

Les syndromes d'Ehlers-Danlos sont des maladies génétiques provoquées par des anomalies au niveau des gènes qui interviennent dans la production du collagène. Celui-ci est un élément essentiel du tissu conjonctif, qui unit, soutient et protège les organes. 

Il existe 13 types de SED :

 

Symptômes principaux

  • Articulations : hypermobilité articulaire, (sub)luxations fréquentes, douleurs chroniques.
  • Peau : hyperélasticité, fragilité, ecchymoses faciles, cicatrices atrophiques.
  • Système cardiovasculaire : fragilité vasculaire, anévrismes (surtout dans le SED vasculaire).
  • Autres : fatigue chronique, troubles proprioceptifs, dysautonomie, douleurs généralisées.

 

Moyens diagnostiques

  • Évaluation clinique : critères de Beighton pour mesurer l’hypermobilité articulaire.
  • Tests génétiques : pour confirmer certains sous-types de SED.
  • Imagerie médicale : échographies cardiaques et vasculaires, IRM pour détecter les complications vasculaires.

 

Traitements disponibles

  • Kinésithérapie : pour renforcer les muscles, stabiliser les articulations.
  • Médicaments : antalgiques, antidépresseurs, antiépileptiques, etc.
  • Techniques non médicamenteuses : chaud, froid, TENS, kinesiology-tape, pressothérapie, relaxation, biofeedback, etc.
  • Surveillance cardiovasculaire : suivi régulier, notamment pour les formes vasculaires, et suivi tous les 5 ans pour les autres types.
  • Éducation thérapeutique (ETP) : adaptation du mode de vie et des activités physiques.

2- SAMA dans le SED

Définition

Chez certains patients atteints d’un SED, on observe une association avec un Syndrome d’Activation Mastocytaire (SAMA). Ce trouble se caractérise par une activation excessive des mastocytes sans prolifération clonale, provoquant des symptômes systémiques similaires à ceux observés dans les formes isolées du SAMA. Le SAMA se définit ainsi comme une « hyper-réactivité » des mastocytes qui libèrent leurs médiateurs (« dégranulation ») pour des stimuli qui ne devraient pas être. Voir notre fiche sur le SAMA.

Mécanismes du SAMA dans le SED

Les mécanismes précis restent mal compris, mais plusieurs hypothèses incluent :

  • Une fragilité tissulaire favorisant une hypersensibilité des mastocytes ;
  • Une interaction entre les médiateurs mastocytaires et le tissu conjonctif anormal ;
  • Une composante génétique ou immunologique partagée entre le SED et le SAMA.

 

Symptômes principaux


Les patients atteints de SED avec SAMA présentent des symptômes similaires à ceux du SAMA isolé :

  • Cutanéo-muqueux : flushs (rougeurs avec sensation de chaleur), démangeaisons (prurit), urticaire, dermographisme.
  • Digestifs : douleurs abdominales, ballonnements, reflux, vomissements, diarrhées/constipation.
  • Musculo-squelettique : tout type de douleurs articulaires, osseuses, musculaires et ou tendineuses.
  • Pulmonaires et ORL : bronchospasmes, asthme, conjonctivite et sinusite de type allergique.
  • Neuropsychiatriques : troubles de la concentration, de l’humeur et du sommeil, fatigue, anxiété.
  • Cardiovasculaires : palpitations, hypotension, syndrome de tachycardie orthostatique posturale (POTS).
  • Uro-génitaux : pollakiurie, sensations de brûlures urinaires, cystites interstitielles, troubles de la libido.

 

Moyens diagnostiques


Le diagnostic suit les mêmes critères que le SAMA isolé :

  1. Symptômes systémiques récurrents atteignant plusieurs organes ;
  2. Élévation transitoire de la tryptase sérique en cas de crise (+20% et 2ng/ml en valeur absolue par rapport au taux sérique basal de la tryptase (hors crise)) ;
  3. Amélioration des symptômes sous traitement ciblant les mastocytes.

 

Traitements disponibles

  • Éviction des facteurs déclenchants (variations thermiques, exercice physique, émotions, aliments histamino-libérateurs)
  • Médicaments :
    • Antihistaminiques de type 1 (cetirizine, loratadine, desloratadine, etc) et type 2 (famotidine, ranitidine, cimétidine, etc) ;
    • Cromoglicate de sodium pour les troubles digestifs ;
    • Anti-leucotriènes (montélukast) pour les symptômes respiratoires ;
    • Omalizumab (anticorps monoclonal) pour limiter la dégranulation mastocytaire (normaliser les IgE) ; préconisé pour les troubles cutanéo-muqueux, troubles digestifs et anaphylaxiques persistants malgré un traitement symptomatique (antihistaminiques) ;
    • Adrénaline : traitement d'urgence, en cas de symptômes graves (choc anaphylactique).
  • Traitements du SED en parallèle.

3- SED et SAMA : quelles interactions ?

Le SED et le SAMA partagent certains symptômes comme la fatigue, les douleurs chroniques et l’intolérance orthostatique. Bien que les mécanismes restent encore à l’étude car mal compris, l’association des deux pathologies pourrait être expliquée par une fragilité du tissu conjonctif favorisant l’hypersensibilité mastocytaire.

Un diagnostic précis et une approche thérapeutique multidisciplinaire sont essentiels pour améliorer la qualité de vie des patients atteints de ces deux affections.