Actualité : La transplantation d’organes, un défi pour la science !

La greffe, c’est-à-dire la transplantation d’un organe venant d’un donneur à l'organisme d’un receveur, est un recours usuel en cas de défaillance d’un organe vital. Actuellement, dans 90% des cas, les organes transplantés viennent d’un donneur décédé.
 

Néanmoins, elle reste une opération lourde et il existe un manque de donneurs. Ainsi, en 2021, près de 1000 sont décédés faute d’organes disponibles et plus de 27 000 étaient en attente de greffes. 

Pour pallier ce problème, la science essaye donc de trouver des solutions. Une d’elle a récemment marqué l’actualité : la xénogreffe. Alors, parlons-en.
 

1- La xénogreffe : un espoir face à la pénurie d’organes

La xénogreffe est s’agit d’un acte chirurgical qui vise à transplanter à un patient un greffon sain provenant d’une espèce différente de celle du receveur. Les premiers essais concrets remontent aux années 1960 et ces dernières années il y a eu des progrès majeur.

Depuis 2022, des essais sont réalisés afin de greffer des cœurs de cochons à des patients pour qui il est impossible de recourir à la greffe d’organes habituels en raison d’autres maladies associées. En effet, il existe des ressemblances entre les cœurs de porc et les cœurs humains. 

Le 20 septembre 2023, un homme de 53 ans a subi cette opération. Il est devenu le deuxième à recevoir un cœur de porc. Actuellement, il respire seul et le cœur fonctionne de façon autonome. Il prend des immunodépresseurs différents de ceux que l’on prescrit habituellement. Ils permettent de lutter contre le rejet de l’organe par l’organisme du receveur.

2- La greffe à partir d’un animal : un défi pour la science

Ces nouvelles greffes sont une source d’espoir. Mais, elles représentent aussi un défi. En effet, comme pour la transplantation d’organes humains, le système immunitaire est naturellement programmé pour rejeter les organes étrangers. Or, les traitements habituellement utilisés pour limiter ce risque ne sont pas efficaces pour les greffes animales. 

Pour amoindrir le risque de rejet, les cœurs de porcs ont donc été génétiquement modifiés.  Grâce à des manipulations génétiques, les scientifiques ont réussi à supprimer l’expression de certains marqueurs à la surface des cellules porcines. Ceux-ci étaient jusqu’alors reconnues comme étrangères par le corps humain. Ainsi, leur disparition empêche la destruction immédiate de l’organe animal par le système immunitaire du receveur. 

De plus, grâce aux récentes avancées dans le domaine de la thérapie immunosuppressive, les chercheurs ont pu mettre au point des immunosuppresseurs spécifiques pour limiter le risque de rejet au long cours. Dans le cas de cette seconde greffe de cœur de porc, il s’agit d’une nouvelle thérapie d’anticorps d’après le communiqué de l’université américaine où la greffe a été réalisée. 

3- La xénogreffe animale : la seule solution face à la pénurie d’organes ?

Pour faire face à la pénurie actuelle, d’autres stratégies sont d'ores et déjà mises en place dans la pratique courante. En effet, en France, le nombre de greffes réalisées à partir de donneurs vivants est bien inférieur à certains autres pays. Ainsi pour les organes où la greffe à partir d’un donneur vivant est possible, c’est-à-dire les reins et le foie, l’objectif est d’augmenter le recours à celle-ci. Cela reposant particulièrement sur une meilleure information de la population à ce sujet. 

De plus, pour les organes prélevés sur des donneurs décédés, les médecins travaillent pour élargir les critères d’acceptation des greffons. Au début, ils ne provenaient que de personnes décédées à l’hôpital dans le contexte d’une atteinte irréversible du cerveau (état de mort encéphalique). Or, depuis 2005, il est aussi possible de recourir au prélèvement d’organes sur des personnes décédées d’un arrêt cardiaque. 

Enfin, pour limiter le temps d’attente de greffe pour les patients ayant des groupes sanguins rares, il est possible d’avoir recours à la greffe malgré une incompatibilité ABO entre le receveur et le donneur. Cela nécessite alors d’importants immunosuppresseurs.

Toutes ces mesures renforcent l’idée qu’il est primordial de promouvoir le don d'organes. En effet, de son vivant ou après son décès, il est un acte de générosité et de solidarité, entièrement gratui, qui sauve des vies !  


Sources : 

  •  INSERM. Un cœur de porc pour tous, vraiment ?. 2022.
  • Académie nationale de médecine. Xénogreffe : le cœur repart. Une avancée scientifique majeure… et médicalement décisive ?. 2022.
  • 20minutes.fr Un cœur de porc greffé sur un humain pour la deuxième fois de l’histoire. 2023.
  • Courrier international. Médecine. Deuxième greffe d’un cœur de porc sur un humain. 2023
  • La revue médicale suisse. Xénotransplantation: solution au manque d’organes ? 2003