Le cancer : quand la douleur perdure même après la maladie

La plupart des personnes traitées pour un cancer ressentent des douleurs à un moment donné de la maladie. Au total, 56% rapportent des douleurs modérées à sévères au moins une fois par mois et jusqu'à 28% ont des douleurs depuis plus de 6 mois.

1- Quelles sont les causes de douleur pendant un cancer ?

Ces douleurs ont différentes causes possibles. Dans la grande majorité des cas, ces douleurs sont liées à la tumeur ou l’une de ses métastases. En elle-même, elles ne sont pas directement douloureuses car ce sont des amas de cellules sans nerf. Mais, elles peuvent faire mal lorsqu’elles compriment ou envahissent un organe sensible ou une partie du système nerveux. 

Les douleurs peuvent également être générées par une altération des tissus ou des nerfs par les traitements. Ces douleurs sont dites iatrogènes et peuvent être provoquées par tous les moyens thérapeutiques mis en œuvre pour guérir ou contrôler la maladie. Elles peuvent même persister longtemps après la fin de ceux-ci. 

Ainsi, les douleurs liées au cancer sont très variables d'une personne à l'autre. Elles peuvent apparaître à tout stade de la maladie et ne sont pas forcément un signe de gravité. Certains cancers ne provoquent pas de douleurs même à un stade avancé. Tandis que certaines douleurs engendrées par le cancer peuvent persister malgré qu’il soit considéré comme guéri.

2- Pourquoi la douleur peut-elle devenir chronique ? 

Les douleurs liées aux tumeurs ou à ses traitements peuvent subsister pendant plusieurs mois voire pendant de nombreuses années. Dans certains cas, il s’agit de douleurs nociceptives qui sont provoquées par une atteinte mécanique ou inflammatoire des tissus par la tumeur ou les traitements. Elles sont alors liées à une activation des récepteurs de la douleur. Parfois, ils peuvent aussi rester actifs malgré la disparition de la lésion initiale. 

Dans d'autres cas, ce sont des douleurs neuropathiques. Elles représentent 20% des douleurs chroniques associées au cancer et sont liées à une lésion directe du système nerveux. Il peut s’agir d’un dommage provoqué par la tumeur ou l’un des traitements. Elles peuvent notamment persister longtemps après une chirurgie ou une chimiothérapie ayant eu un effet neurotoxique. 

3- Quelles sont les répercussions de ces douleurs chroniques ? 

Les douleurs chroniques associées au cancer représentent un réel handicap. À cause d’elles, 69% des personnes qui en souffrent décrivent des difficultés dans les activités quotidiennes. En fonction de son emplacement, la douleur peut notamment limiter les déplacements, et entraver certaines de vos activités professionnelles.

Ces douleurs ont d’importantes répercussions sur la qualité de vie. Plus elles durent, plus ces douleurs sont usantes, physiquement et moralement. Elles provoquent une fatigue importante et peuvent également ajouter une angoisse à celle liée à la maladie.   

4- Comment sont soulagées ces douleurs persistantes ? 

La prise en charge de la douleur est primordiale tout au long de la maladie pour qu’elle n’envahisse pas le quotidien. Il existe différents traitements en fonction de l’origine de la douleur. Lorsqu’elle est directement liée à la maladie, le traitement du cancer participe à la soulager. Il est souvent nécessaire d’associer des traitements anti-douleur, dits antalgiques. Certains soins non médicamenteux peuvent également aider à les soulager telle que la kinésithérapie. 

Lorsque la douleur persiste à distance de la maladie ou des traitements, particulièrement en cas de douleurs neuropathiques, les antalgiques classiques sont souvent peu efficaces. Il est alors souvent nécessaire d’avoir recours à des molécules qui possèdent également une action antalgique: les antidépresseurs et les antiépileptiques. Ils peuvent s’associer à d’autres traitements locaux et/ou non médicamenteux telle que les patchs de lidocaïne ou la neurostimulation électrique transcutanée.

• Elle est provoquée par la tumeur ou les différents traitements 
• Elle peut survenir à tout stade de la maladie et peut persister après la guérison de celle-ci
• Sa prise en charge est complexe. Elle nécessite souvent l’association de plusieurs traitements pour limiter son impact sur la qualité de vie

Relu par le Dr Maillard, algologue et directeur du Centre National Ressources Douleur 

Nos Sources :

• H Breivik et al. Cancer-related pain: a pan-European survey of prevalence, treatment, and patient attitudes. 2009
• D Bouhassira et al. Prevalence and incidence of chronic pain with or without neuropathic characteristics in patients with cancer. 2017
• Institut EPSA de la Douleur. Douleur et cancer. Prévenir et soulager la douleur tout au long de la maladie. 2007
• Société Française d'Etude et de Traitement de la Douleur. Livre Blanc. 2017.
• Fondation pour la recherche sur le cancer. Apaiser les douleurs du cancer. 2020.